Carnet de Terrain
par Paul Veillon
Divers animaux de la forêt
La période n’est pas la plus faste s’agissant de la pratique de la photo animalière. Pour autant, me disant que j’ai plus de chance de voir des animaux dans la nature que dans mon fauteuil, la télé n’étant pas ma tasse de thé, je passe beaucoup de mes levers du jour, je n’ose dire de soleil, au cœur du bocage local. Les caprices de la météo m’amènent à privilégier de temps à autre des sorties dans l’après-midi. Cette fois le soleil complaisant, je m’installe à l’affût et à bon vent à 15 heures. En ce mois de décembre, le jour décline vite et c’est sous une belle lumière qu’un chevrillard (chevreuil de 4 à 12 mois) sort du bois, prend la pose, puis regagne la sécurité de la chênaie. Le soleil a quitté l’horizon, c’est alors qu’il décide de revenir remplir son estomac près de mon affût. Je déclenche parcimonieusement et en toute discrétion, merci la housse anti-bruit. L’animal se rapproche dans mon œilleton ; je n’en vois qu’une partie et je dois faire un choix dans ma construction d’image. La nuit n’est pas loin et la sensibilité de mon boitier atteint ses limites. Le chevreuil se rapproche encore, il est à huit mètres environ. Ne pouvant plus faire d’images, j’enlève doucement mon filet et reste assis. Le cervidé me regarde, je lui parle à haute voix. Tous ses sens en éveil, il semble prêt à bondir au cœur des fourrés tout proches, pourtant il me quitte doucement en broutant ça et là et s’enfonce dans l’obscurité du bois.